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  • 21/09/2024 à 08:36

Retour aux droits et aux devoirs de l’administration

Retour aux droits et aux devoirs de l’administration

Par Mansour M’henni

Tout le monde ou presque a reconnu que si la Tunisie n’a pas totalement dérapé vers le pire, en 2011, c’est surtout grâce à son administration, à son armée et à une certaine vision pratique de l’action civile. Tout le monde est presque convaincu aujourd’hui que ce qui est arrivé de pire à la Tunisie, au cours de ce qu’on a fini par appeler « la décennie noire », c’est l’infiltration microbienne dans la conscience de la responsabilité administrative, c’est la tentative de compromission de l’armée dans les enjeux politiques et c’est la marginalisation progressive, après une émancipation heureuse en septembre 2011, de l’action associative par les conditions draconiennes qu’on a fini par adopter, par étapes, à l’égard des associations sous prétexte de lutte contre la corruption.

Redisons-le de nouveau, à propos des associations : il y a bien mille et une façons d’avoir un regard perspicace sur le fonctionnement des associations et sur leurs éventuelles implications suspectes sans certaines mesures lassantes, harassantes, stressantes et frustrantes qui finissent souvent par dissuader les intentions actives dans le devoir de citoyenneté.

Redisons encore qu’il est grave d’entendre parfois des activistes politiques appeler à l’intervention de l’armée dans des conflits idéologiques internes et dans des divergences partisanes toutes naturelles dans une dynamique, même timide, de démocratisation de la société, qui ne se résume pas à la démocratisation politique. C’est pire même que certains appels à des forces étrangères d’intervenir pour résoudre les problèmes de divergence entre les activistes politiques. Les droits citoyens, autant que les devoirs, sont de la responsabilité des citoyens du pays, individuellement et collectivement, et il ne revient à personne d’y intervenir s’il n’a le statut citoyen en Tunisie. Même des organisations internationales attitrées ne le feraient que dans la plus intelligente diplomatie et dans un esprit de rapprochement des perspectives pour un souhaitable compromis.

Reste l’administration ! Précisons d’emblée qu’il ne faut pas mettre tout le monde dans le même sac. Il y a des fonctionnaires et des responsables administratifs qui font leur devoir comme il se doit et qui ne lésinent pas sur l’effort supplémentaire bénévole, en cas de besoin. Cependant, malheureusement, on constate de plus en plus un laxisme aberrant qui finit par passer pour une provocation des citoyens, souvent pressés par la masse de procédures qui leur tombent dessus pour la moindre affaire courante, mais aussi souvent exacerbés par l’attitude de plusieurs fonctionnaires administratifs.

Que dire alors de ces agents d’administration qui abandonnent leur tâche à la caisse, sans laquelle rien ne se fait, comme à la Steg, et devant laquelle se plante une longue file d’attente, pour aller faire les prières de l’après-midi en présentiel, et parfois dans la mosquée à côté s’il y en a ? Que dire de ces bureaux de contrôle financier ou administratif qui se donnent le loisir de se raconter des blaques ou d’échanger de longues confidences ponctuées de fous-rires, sous le regard impatient mais humilié des clients pressés. Parfois c’est le chef du bureau qui passe d’un guichet à l’autre pour ces types de bavardages hors de propos et faisant obstruction à l’exercice professionnel.

Les cas de ce genre sont nombreux, comme ceux des numéros d’ordre pris dans un serveur automatique et annoncés au micro dans leur ordre arithmétique, mais avec des intervalles temporels entre deux numéros successifs dépendant du nombre de clients auxquels le fonctionnaire responsable permet de s’infiltrer contre la logique de l’ordre, le faisant sans doute pour son compte (non forcément financier) ou sur l’ordre d’un supérieur.

C’est devant des comportements aussi nocifs que l’on estime vraiment la discipline et le respect dont font usage d’autres fonctionnaires qu’il convient de prendre pour modèle. N’empêche que des mesures urgentes sont à prendre pour faire obstacle aux comportements inconscients et irresponsables, surtout en redonnant au citoyen son droit dans les administrations, de la même façon qu’on défend le fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions.

Afef Korbi
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