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- 27/03/2025 à 07:31
L’essentiel et le marginal de nos questions !

Par Mansour M’henni
Curieuse situation que j’ai constatée lors de mon retour de Paris à bord d’un avion de Tunisair dont le vol coïncidait avec l’intervalle temporel de l’appel à la prière du Maghreb, et de la brisûre du jeûne. Après le décollage, les hôtesses de l’air et le steward engagent l’opération de distribution gratuite des repas, fidèles à une des louables traditions que leur compagnie aérienne est sans doute l’une des rares à conserver.
Tout le monde est servi, ou presque, selon la volonté de chacun, jeûneur ou non. Aussitôt servis, à presque 19 heures, donc largement après le Maghreb en Tunisie mais pas encore à son heure pour Paris, certains voyageurs se sont mis directement à manger, pendant que d’autres s’envoyaient des signaux interrogatifs s’enquérant de l’arrivée ou non de la brisûre du jeûne, auprès d’autres voyageurs fixés sur leurs téléphones portables (par ailleurs, en infraction franche des recommandations du commandant de bord à ce propos).
Puis, la plupart des jeûneurs ont suivi les premiers briseurs, rassurés sur la régularité de leur observance d’une des cinq obligations rituelles de leur religion. Le repas fini pour tout le monde, le steward annonce au micro l’heure du Maghreb et de la brisûre du jeûne ! Certains sont catastrophés par leur méprise et leur manque de rigueur, d’autres en ont ri comme pour dire « tant pis » !
Un couple à ma droite se sentait doublement coupable puisque le monsieur était l’un de ceux ayant communiqué l’information sur le temps venu pour briser le jeûne. J’ai osé lui remarquer quand même : « Il ne faut pas s’en faire : après tout, les actions sont évaluées selon les intentions qui les commandent ! » Rassuré, il a souri et dit : « C’est vrai ».
Tous nos muftis et exégètes trouveraient chacun son évaluation de la situation et son interprétation, d’après sa façon de comprendre la chariaâ ; mais à y voir de plus près, il y aurait bien pour certains un litige « exégétique » à trancher, indépendamment de l’autorisation accordée par le Coran (Al Baqara, 185) aux malades et aux voyageurs de ne pas jeûner. En effet, les conditions modernes du voyage, surtout aérien, ne sauraient trancher systématiquement la minute précise du Maghreb, par rapport à la vitesse d’un avion.
Donc de Paris à Tunis, quel est le moment précis que prendrait un croyant simple pour l’heure du Maghreb ? Celle de Paris, point de départ, celle de Tunis, point d’arrivée, ou celle du lieu où serait l’avion, qui est en mouvement, à la vitesse du vol, supérieure à 700 km/h ? Sujet de débat ? Cela me rappelle une autre situation de deux prieurs qui disputaient de la bonne direction de la Qibla (vers l’Orient), « la direction à suivre pour prier ».
Il y avait entre les deux thèses un angle d’ouverture d’un ou deux degrès à peine. Un sage scientifique présent à cette polémique (Paix à son âme !) leur a dit : « Savez-vous à quelle distance correspond cette ouverture, au point cardinal de la Mecque ? Sachez plutôt que cette indication est symbolique et qu’elle ne cherche aucune précision géographique ponctuelle, et n’en faites pas un point de divergence entre vous alors que votre religion cherche à vous unir ! »
L’envie qui m’est venue d’évoquer ces deux situations me ramène à la vraie question qui me semble devoir se poser : sommes-nous vraiment en train de nous poser les vraies questions, celles essentielles pour notre développement et pour notre évolution vers le bien-être en soi et le meilleur vivre-ensemble ? That is the question !
Retour Tout le monde est servi, ou presque, selon la volonté de chacun, jeûneur ou non. Aussitôt servis, à presque 19 heures, donc largement après le Maghreb en Tunisie mais pas encore à son heure pour Paris, certains voyageurs se sont mis directement à manger, pendant que d’autres s’envoyaient des signaux interrogatifs s’enquérant de l’arrivée ou non de la brisûre du jeûne, auprès d’autres voyageurs fixés sur leurs téléphones portables (par ailleurs, en infraction franche des recommandations du commandant de bord à ce propos).
Puis, la plupart des jeûneurs ont suivi les premiers briseurs, rassurés sur la régularité de leur observance d’une des cinq obligations rituelles de leur religion. Le repas fini pour tout le monde, le steward annonce au micro l’heure du Maghreb et de la brisûre du jeûne ! Certains sont catastrophés par leur méprise et leur manque de rigueur, d’autres en ont ri comme pour dire « tant pis » !
Un couple à ma droite se sentait doublement coupable puisque le monsieur était l’un de ceux ayant communiqué l’information sur le temps venu pour briser le jeûne. J’ai osé lui remarquer quand même : « Il ne faut pas s’en faire : après tout, les actions sont évaluées selon les intentions qui les commandent ! » Rassuré, il a souri et dit : « C’est vrai ».
Tous nos muftis et exégètes trouveraient chacun son évaluation de la situation et son interprétation, d’après sa façon de comprendre la chariaâ ; mais à y voir de plus près, il y aurait bien pour certains un litige « exégétique » à trancher, indépendamment de l’autorisation accordée par le Coran (Al Baqara, 185) aux malades et aux voyageurs de ne pas jeûner. En effet, les conditions modernes du voyage, surtout aérien, ne sauraient trancher systématiquement la minute précise du Maghreb, par rapport à la vitesse d’un avion.
Donc de Paris à Tunis, quel est le moment précis que prendrait un croyant simple pour l’heure du Maghreb ? Celle de Paris, point de départ, celle de Tunis, point d’arrivée, ou celle du lieu où serait l’avion, qui est en mouvement, à la vitesse du vol, supérieure à 700 km/h ? Sujet de débat ? Cela me rappelle une autre situation de deux prieurs qui disputaient de la bonne direction de la Qibla (vers l’Orient), « la direction à suivre pour prier ».
Il y avait entre les deux thèses un angle d’ouverture d’un ou deux degrès à peine. Un sage scientifique présent à cette polémique (Paix à son âme !) leur a dit : « Savez-vous à quelle distance correspond cette ouverture, au point cardinal de la Mecque ? Sachez plutôt que cette indication est symbolique et qu’elle ne cherche aucune précision géographique ponctuelle, et n’en faites pas un point de divergence entre vous alors que votre religion cherche à vous unir ! »
L’envie qui m’est venue d’évoquer ces deux situations me ramène à la vraie question qui me semble devoir se poser : sommes-nous vraiment en train de nous poser les vraies questions, celles essentielles pour notre développement et pour notre évolution vers le bien-être en soi et le meilleur vivre-ensemble ? That is the question !
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