Hamed Karoui est parti Son œuvre vivra...

Le 27 mars 2020, Hamed Karoui nous a quittés après seulement quelques jours d’hospitalisation. 

A cause de cette maudite pandémie Covid 19, nous étions uniquement huit personnes dans le cortège funèbre qui s’est rendu de Tunis à Sousse pour accompagner la dépouille mortelle de Si Hamed (ses 3 fils, moi même et quelque membres de la famille.
Le confinement décrété suite à la fâcheuse pandémie, un grand nombre de ses fidèles amis à Sousse attendaient celui qui fut pendant de très nombreuses années le Maire de la ville et le Président de l’Etoile Sportive du Sahel.
Dimanche 29 mars 2020, selon la bonne tradition islamique, aurait dû être le jour de la tenue du « fark » de feu Hamed Karoui décédé trois jours auparavant. Cependant, considérant la situation dramatique que vivait le peuple tunisien et le monde entier du fait de la pandémie, la famille du défunt a dû reporter cette cérémonie afin d’épargner d’éventuels risques à ceux qui seraient venus partager ce deuil avec elle, ses proches et ses amis et ce n’était que quelques mois après qu’une majestueuse cérémonie fut organisée en présence d’un grand nombre de ses amis.

Quant à moi, j’ai perdu le beau-frère, l’ami et le confident. J’ai connu Si Hamed il y a bientôt 55 ans et, depuis, une amitié sincère, sans failles, nous a liés sans pour autant être encombrante pour l’homme d’état qu’il était.
Uniquement des rencontres familiales nous réunissaient ou encore des parties de chasse : N’étant pas chasseur Moi-même, j’étais là uniquement pour partager avec les chasseurs les bons déjeuners et le produit de la Chasse du jour. Si Hamed était un pionnier de la lutte de libération nationale.
Depuis son jeune âge, il a commencé à militer dans les rangs des scouts tunisiens et vendait les affiches avec le portrait de Bourguiba au profit de la caisse de sa cellule destourienne à Sousse En France, où il a fait ses études en médecine, il a fondé et présidé la première cellule Destourienne.
Il a été le visiteur assidu de Bourguiba pendant son exil à l’île de Groix et menait une campagne de sensibilisation pour l’indépendance de la Tunisie en France et dans toutes les villes Françaises. Revenu au pays, il s’est installé en Médecin luttant contre la tuberculose tout en présidant la municipalité de Sousse et l’Etoile Sportive du Sahel.
Après un long parcours dans les dédales de l’Etat : Ministre de la Jeunesse et des Sports, ministre de la Justice et Premier ministre pendant une dizaine d’années, il a été vice-président du Parti avant de céder sa place à Mohamed Ghanouchi.
Son passage, partout, a été sans embuches, tellement il était respectueux de la déontologie administrative et politique. La politique n’est rien sans valeurs morales, disait-il.
Après 2011, j’ai été témoin de toute la tristesse ressentie par lui de voir la plupart des destouriens, qui avaient bâti les institutions de l’Etat, intimidés et la base des destouriens se rétrécir, voire même s’abstraire de la scène politique d’où son célèbre appel aux Destouriens : « Relevez la tête ».
L’honnêteté, la bonté, la rigueur, la discipline, L’humilité, la ponctualité, l’altruisme, le respect d’autrui et bien d’autres qualités humaines faisaient partie du credo de Si Hamed.
Mohamed Ghanouchi qui l’a succédé au poste de Premier Ministre a notamment écrit à son sujet : « L’Histoire retiendra le rôle de premier plan que si Hamed avait assumé en tant que Premier Ministre tout au long des années quatre-vingt-dix. J’en suis témoin.
Il était le grand frère auprès de qui les ministres, toutes tendances confondues, trouvaient conseil et aide pour se ressourcer et mener à bien leur tâche.
L’histoire retiendra, également, le rôle éminent qu’il a joué en janvier 2011 en contribuant de façon décisive à la continuité de l’Etat. »

                                                                                    Tijani Haddad